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Photo du rédacteurSolange Noyé

Missak Manouchian : sa vie, ses combats".



Cet homme, qui nous adresse un regard droit et brillant, incarne pour beaucoup la figure du tigre. Lui-même a usé du mot dans ses poèmes :

 

Que les vents effrénés me flagellent !

Une colère de tigre enchaîné

Féconde mon âme par la force impétueuse

D’un gigantesque orage qui doit éclater. « On les nommait des étrangers », Manouchian 15 mars 1933 Editeurs Français Réunis.

 

Car oui, l’homme a été poète, menuisier, tourneur, rédacteur en chef, militant antifasciste, résistant. Mais aussi modèle pour son ami peintre, orphelin et réfugié comme lui, Krikor Bédikian ou encore Jean Carzou (Karnik Zouloumian).

Plusieurs vies en trente-huit années d’existence tourneboulée par des événements devenus historiques. Des mots crus résonnent : génocide, guerre, combats, trahison, propagande, exécution… Et aussi des mots forts : amitiés, amour, liberté, résistance…

Comment ce petit garçon, prénommé Missak, né Arménien dans l’empire Ottoman, doté d’un patronyme dérivé de manoug qui signifie « enfant », deviendra-t-il un symbole des résistants étrangers engagés pour la France, durant les heures sombres de la Seconde Guerre Mondiale ?

Cet homme, qui signera Michel, aura fait de cette phrase un credo : « La vie n’est pas dans le temps, mais dans l’usage. » 1906 - 1924 - De l’Empire ottoman au Liban, les épreuves du génocide

 

Un charmant petit enfant

A songé toute une nuit durant

Qu’il fera à l’aube pourpre et rose

Des bouquets de roses. Traduction d’un de ses poèmes écrit à l’orphelinat de Jounieh.

 

Missak Manouchian est né le 1er septembre 1906 dans la ville ottomane de Adiyaman. Il est le quatrième et dernier enfant d’une famille de paysans arméniens catholiques. Au printemps 1915, sont déclenchées les opérations qui mèneront au génocide des Arméniens. Kevork, le père deMissak, est tué, les armes à la main. Les gendarmes turcs et leurs auxiliaires de fortune répriment férocement les nombreuses milices d’autodéfense. Ces dernières tentent de protéger près de cinq mille Arméniens installés depuis plusieurs siècles dans cette province.

Les Arméniens de Adiyaman sont déportés à la mi-juillet 1915. Vardouhi, la mère de Missak, est malade et, affaiblie par la famine, elle meurt, quelque temps après son mari. Le jeune garçon et son frère, Garabed, sont sauvés et recueillis par une famille kurde.

À la fin de la guerre, les deux frères sont pris en charge par la communauté arménienne et transférés dans un orphelinat ouvert par un organisme humanitaire, fondé par l’ambassadeur Henry de Morgenthau. Missak et Garabed se retrouvent au sud de Jbeïl, dans la région de Jounieh, au Liban, qui est passé sous le contrôle français en 1918 et le restera en 1920, en vertu d’un mandat signé par la Société Des Nations.

Missak, témoin de massacres, est un enfant solitaire, introverti. Il est rebelle à la sévère discipline de l’établissement. Il est formé au métier de menuisier et aux rudiments de culture. Il commence à écrire des poèmes à l’âge de douze ans. Il rédige même des textes satiriques à propos d’un surveillant. Son goût pour l’écriture est né.

1925 - 1934 - En France, se réfugier, survivre, écrire… En 1925, Missak et son frère Garabed débarquent à Marseille, certainement aidés par un réseau d’immigration clandestin.

Garabed et Missak, en 1925. Missak exerce son métier de menuisier. Garabed tombe malade. Les deux frères, rêvant de meilleur et, comme beaucoup d’Arméniens avant eux, décident d’aller à Paris. Pour assurer leur survie, Missak apprend sur le tas le métier de tourneur aux usines Citroën. Garabed meurt en 1927. Missak se retrouve seul désormais, éprouvé une nouvelle fois par le chagrin et le deuil.

 

Comme un forçat supplicié, comme un esclave qu’on brime J’ai grandi nu sous le fouet de la gêne et de l’insulte, Me battant contre la mort, vivre étant le seul problème… Quel guetteur têtu je fus des lueurs et des mirages ! Extrait du poème Le miroir et moi, traduit par G. Hékimian, publié dans une anthologie dirigée par R.Mélik.

 

En 1929, il est choisi pour son port athlétique comme modèle par son ami le peintre Krikor Bedikian. Il pose aussi pour Jean Carzou (Kamik Zouloumian). Introduit dans le milieu artistique, il s’intéresse à la littérature, aux arts. Il écrit des poèmes. Il rencontre Aram Andonian, qui dirige la librairie Nubar et rend compte du génocide en tant que journaliste.

Le début des années 1930 est marqué par la Grande Dépression. Missak perd son emploi. Quelques travaux irréguliers lui assurent sa subsistance. Il fréquente les universités ouvrières de la CGT et se rend chaque matin à la bibliothèque Sainte-Geneviève. Avec son ami Kégham Atmadjian (alias Séma ou Semma), ils s’inscrivent à la Sorbonne en auditeurs libres pour suivre des cours de littérature, de philosophie, d’économie politique et d’histoire.

Missak et Séma fondent deux revues littéraires Tchank (« L’effort ») et Machagouyt (« Culture »). Ils publient des articles sur la littérature française et la littérature arménienne ainsi que des traductions en arménien de Baudelaire, Verlaine et Rimbaud. 1935 - 1944 - Militer, s’engager, aimer… Pour bien comprendre l’engagement d’hommes de courage comme Missak Manouchian, un point sur des événements qui vont marquer durablement la vie politique française :

Cavaliers de la garde républicaine mobile contre émeutiers sur la place de la Concorde le 7 février 1934

Le 6 février 1934, une crise politique se produit après une manifestation antiparlementaire organisée par des nationalistes, en protestation contre le limogeage du préfet Jean Chiappe, suite à l’affaire Stavisky. La fusillade la plus sanglante de la Troisième République provoque, le 7 février, la chute du second gouvernement Daladier. Un gouvernement dit d’"union nationale" se constitue autour de Gaston Doumergue, ancien président (1924-1931) rappelé par Albert Lebrun, président de la République française (1932-1940). Sont nommés autour de lui, des représentants de la droite parlementaire, des radicaux et un novice, Philippe Pétain, qui obtiendra le vote des pleins pouvoirs constituants le 10 juillet 1940.

La gauche voit en ces événements du 6 février l’annonce d’un danger fasciste en France. C’est dans ce contexte que Missak adhère au Parti Communiste et au HOC, section française du Comité de Secours pour l’Arménie. Le HOK (Haï Oknoutian Komité, forme abrégée de Hayastani Oknoutian Komité, Hayastani correspondant à "Arménie") est créé le 13 septembre 1921 par le gouvernement de l’Arménie soviétique.

Au moment du Front populaire, l’effectif de cette section est le plus élevé de la MOI (Main-d’Oeuvre Immigrée) avec environ 7000 personnes. Un conseil central dirige les comités locaux. On en compte un par ville, plus à Paris et à Marseille. Missak appartient au comité du Quartier latin. Il contribue au journal du HOC, dont le nom, Zangou, rappelle le fleuve de la région d’Erevan. Missak correspond avec les poètes arméniens Avétik Issahakian et Archag Tchobanian, en tant que membre de l’Association des écrivains communistes. Il participe au mouvement Amsterdam-Pleyel, mouvement pacifiste de lutte contre la guerre et le fascisme, fondé en 1933, à l’initiative des deux écrivains français Henri Barbusse et Romain Rolland.

Ouvrier, Arménien, communiste, internationaliste, antifasciste, Missak écrit :

 

Que les flambeaux de la conscience éclairent nos esprits Que le sommeil et la lassitude ne voilent point nos âmes ! À tout moment l’ennemi change de couleur et de forme Et nous jette sans arrêt dans sa gueule inassouvie. Dernière strophe d’un poème dédié aux ouvriers arméniens immigrés (1934)

 

En juillet 1935, Missak devient le deuxième secrétaire du HOC et membre du conseil central. Une déléguée du comité de Belleville, qu’il a rencontrée en 1934, est engagée comme secrétaire administrative. Elle s’appelle Mélinée Assadourian. Collaboration et amour vont fusionner.

Missak et Mélinée ont beaucoup en commun. Apatrides, orphelins, ils sont profondément attachés à la France et à l’idéal qu’elle représente pour eux. Ils participent aux manifestations et aux grèves du Front populaire. Leur espoir de droits pour les travailleurs immigrés et les apatrides est vite déçu. Le 22 février 1936, ils se marient, ayant fourni le certificat de coutume en vue de mariage, exigé des apatrides. Fin 1937, les purges staliniennes entraînent la dissolution des unités du HOK, à Erevan comme à Paris. Le couple fondent l’Union populaire franco-arménienne en orientant leur action vers l’international. Missak se mobilise avec Mélinée pour la défense de la République espagnole et dans une collecte de fonds auprès d’associations arméniennes. Il est délégué au 9e congrès du PCF.

Fin août 1939 est signé le Pacte germano-soviétique. Le 2 septembre, Missak est incarcéré pour sympathie envers la nation soviétique, considérée comme ennemie. Le 26 septembre, le gouvernement Daladier interdit tout organisme affilié au PCF, dont l’UPFA. En octobre 1939, il contrevient aux directives du Parti et signe son acte d’engagement volontaire. Il est affecté à Colpo (Morbihan) où il entraîne les recrues.

De son côté, Mélinée brûle les archives de l’UPFA. Un décret signé en 1938 permet d’arrêter tout "étranger indésirable" qui ne pourrait justifier de son statut de réfugié. Une loi de novembre de 1939 autorise l’incarcération des communistes français dans des camps d’internement. Commence alors la clandestinité. Juin 1940 - 21 février 1944 – EXISTER ? « Me battant contre la mort, vivre étant le seul problème… » Michel Manouchian Le miroir et moi De juin 1940 au 21 juin 1941, Missak Manouchian est sous le contrôle des autorités allemande. Le 22 juin 1941, la rupture du pacte germano-soviétique, après l’invasion allemande en URSS, amène Missak à rejoindre Mélinée à Paris.

Peu après, cette date, Missak est arrêté par le SD, service de renseignement et de maintien de l’ordre de la SS. Mélinée échappe à cette rafle de communistes, ennemi supplémentaire de l’occupant. Missak est dans les premiers des 7000 prisonniers du "Frontstalag 122"camp de transit nazi ouvert de juin 1941 à août 1944, à Compiègne.

Interné durant cinq mois et demi, Missak est libéré, faute de charges contre lui. Les opérations de déportation massives sont planifiées à cette époque, sous le nom de "Vent printanier". Il retrouve Mélinée à leur domicile, 11, rue de Plaisance – Paris 14e. Ce sera son dernier domicile, jusqu’à son arrestation le 16 novembre 1943. RÉSISTER, c’est COMBATTRE Missak Manouchian et ses compagnons étrangers sont aussi des exemples puissants de meneurs d’actions d’opposition au fascisme qui se propage, à la défense des droits de toutes et tous.

Sans que ses affiliés le sachent, la MOI relève du Komintern ou l’Internationale communiste qui regroupait les partis communistes partisans du régime soviétique. Staline la met au service de ses intérêts.

C’est dans une organisation au fonctionnement complexe et très hiérarchisée que Missak Manouchian et ses camarades s’engagent. Les groupes armés des FTP-MOI sont constitués en avril 1942 sous la direction de Boris Holban.

Dans le premier détachement où il est affecté, Missak retrouve des Arméniens, des juifs roumains et hongrois. Le 17 mars 1943, sa première action armée se déroule à Levallois-Perret. Connu pour sa répugnance à tuer, Missak Manouchian veut apporter la preuve qu’il a bien lancé une grenade en conservant sa goupille. Goupille pouvant devenir pièce à conviction s'il venait à être arrêté. Cette "preuve" lui vaut un blâme et une mise à l’écart pour ce qui est qualifié d’indiscipline.

En juillet 1943, Missak devient commissaire technique des FTP-MOI de Paris. Le mois suivant, il est nommé commissaire militaire de la région parisienne à la place de Boris Holban, démis de ses fonctions par mesure disciplinaire après voir jugé suicidaire les missions telles qu’elles étaient prévues. En mars 1943, 140 FTP-MOI ont été arrêtés par la Brigade spéciale n°2 des Renseignements généraux. Tous se savent désormais en sursis.

À partir de son deuxième coup de filet, en juillet 1943, la Brigade spéciale n°2 mène vaste filature qui aboutit, mi-novembre, au démantèlement complet des FTP-MOI parisiens. COMBATTRE et MOURIR Le 16 novembre 1943, en gare d’Évry-Petit Bourg, Missak Manouchian et Joseph Epstein sont arrêtés alors qu’ils veulent discuter de l’opportunité de mettre à l’abri les membres du groupe au vu des suivis et des arrestations par la Brigade spéciale n°2 des Renseignements généraux. Missak était suivi depuis le départ de son domicile par un commissaire et quatre inspecteurs. Lui et Joseph Epstein tentent d’échapper à leurs poursuivants quand ils les remarquent. Missak décide de ne pas utiliser le pistolet qu’il a dissimulé dans une poche de son manteau.

La chute, ce même jour, de Marcel Rajman, d’Olga Bancic et de Joseph Syec clôt les 68 arrestations effectuées par cette brigade spéciale.

La veille, Mélinée a fui une rafle. Interpelée dans le métro, le sac rempli des armes remises par Olga Bancic à une table de café, elle répond au policier qu’elle transporte des pistolets. Sans vérifier, il lui rétorque de ne pas plaisanter avec ce genre de choses. Ce soir-là, elle supplie Missak de renoncer à son rendez-vous hebdomadaire prévu le lendemain. Comme il lui est impossible de prévenir les jeunes qu’il commande, leurs adresses lui étant cachées, il ne peut pas envisager les laisser affronter les dangers sans lui.

Le 16 novembre 1943, ne voyant pas son mari revenir, Mélinée abandonne leur appartement, comme ils en ont convenu. Knar Aznavourian, venue la prévenir que sa cache a été fouillée, la met à l’abri chez elle. Mélinée échappe ainsi à la rafle du 3 décembre. Le sort de Missak la mine. Elle se sait recherchée, son signalement est diffusé dans les commissariats. Elle sait aussi que, capturée, elle sera condamnée à mort.

Si Mélinée a pu éviter la police, Arménak Manoukian, second de Missak Manouchian, est arrêté. Missak avait intégré Arpen Tavitian, dont les faux papiers étaient au nom de Arménak Manoukian, dans le groupe arménien de la MOI puis dans le premier détachement des FTP-MOI. Trotskyste, anti-stalinien, Arménak Manoukian a connu les prisons staliniennes. Il a fui l’URSS.

Dans la lettre qu’il écrit le 21 février 1944 à sa belle-soeur Armène, Missak Manouchian écrit : « Il faut aussi penser à la mémoire de Manoukian qui meurt aussi avec moi. »

Avant ce 21 février, Missak et ses 23 camarades sont livrés aux Allemands de la Geheime Feldpolizei. Ils sont torturés. Juifs, étrangers, communistes, ils cumulent tout ce que le nazisme exècre, traque, massacre, déporte, avec l’aide des lois de Vichy. Les Allemands vont monter une affaire pour leur propagande. Le tribunal militaire allemand du Grand-Paris juge 24 des résistants arrêtés sur les 68.

Le 19 février 1944, à l’hôtel Continental, en présence de journalistes, se déroule une parodie de procès.

 

Missak Manouchian assène à ses accusateurs : « Vous avez hérité la nationalité française, nous l’avons méritée. »

 

Le verdict annonce : 23 condamnations à mort. Sans appel possible, 22 d’entre eux sont fusillés sans délai. La seule femme, Olga Bancic, voit son exécution suspendue. La présence d’une femme aura posé problème : une femme ne peut être combattante ; on aura pu la torturer mais pas la fusiller car cela lui aurait conféré un statut de résistante ; elle ne peut devenir un exemple pour les femmes et il ne faut choquer l’opinion publique. Alors elle est conduite à Stuttgart où elle est de nouveau condamnée à mort et immédiatement décapitée, le 10 mai 1944, jour de ses 32 ans. Les 22 hommes du groupe du groupe de Missak Manouchian sont fusillés le 21 février au fort du Mont-Valérien. Ils ont refusé d’avoir les yeux bandés. Ils s’appellent : • Celestino Alfonso, Espagnol, ouvrier menuisier, 27 ans

• Joseph Bozcov, Hongrois, ingénieur chimiste, 38 ans

• Georges Cloarec, Français, ouvrier agricole, 20 ans

• Rino Della Negra, Français d’origine italienne, ouvrier d’usine, 19 ans

• Thomas Elek, Hongrois, étudiant, 18 ans

• Maurice Fingercwajg, Polonais, ouvrier tapissier, 19 ans

• Spartaco Fontano, Italien, tourneur, 22 ans

• Jonas Gedulgig, Polonais, ouvrier garnier, 26 ans

• Emeric Glasz, hongrois, mécanicien, 42 ans

• Léon Goldberg, Polonais, étudiant, 20 ans

• Szlama Grzywacz, polonais, ouvrier cordonnier, 35 ans

• Stanislas Kubucki, Polonais, ouvrier mouleur, 36 ans

• Cesare Luccarini, Italien, ouvrier du bâtiment, 22 ans

• Missak Manouchian, Arménien, tourneur, 37 ans

• Armenak Arpen Manoukian, Arménien, serrurier, 44 ans

• Marcel Rajman, Polonais, ouvrier tricoteur, 21 ans

• Roger Rouzel, Français, tourneur, 18 ans

• Antonio Salvadori, Italien, mineur, 24 ans

• Willy Szapiro, Polonais, ouvrier fourreur, 34 ans

• Amédéo Usseglio, Italien, ouvrier maçon, 32 ans

• Wolf Wajsbrot, Polonais, apprenti mécanicien, 19 ans

• Robert Witchitz, Français d’origine polonaise, employé, 18 ans

Missak Manouchian, le 21 février 1944, Deux lettres, deux heures avant d’être fusillé… Le 21 février 1944, Missak Manouchian écrit deux lettres, deux heures avant d’être fusillé. Elles seront remises à leurs destinataires après la Libération (28 novembre 1944). Une à sa femme Mélinée :


Création réalisée par Juliette Martin La deuxième est adressée à Armène, belle-soeur de Missak Manouchian. Elle est restée au secret jusqu’à ce que la petite-nièce de Armène la confie à Didier Daeninckx lorsqu’il mène l’enquête pour son roman biographique Missak, publié en 2009. Il la restitue telle quelle dans son récit.

L'affiche rouge À la suite des exécutions, la propagande allemande va placarder 15000 affiches rouges portant les visages de 10 des fusillés, dont celui de Missak Manouchian avec cette inscription « Arménien, chef de bande, 56 attentats, 600 blessés ».

Voulant stigmatiser des "terroristes" avec cette représentation de résistants étrangers, l’effet sur les Parisiens sera considérable mais opposé à celui recherché. Ils découvrent des hommes de courage, les invitant à ne plus courber la tête. L’affiche entre dans l’histoire comme symbole de la Résistance. Nous sommes alors à six mois de la libération de Paris. En 1955, pour l’inauguration d’une rue du 20e arrondissement de Paris qui portera le nom "Groupe Manouchian", Louis Aragon s’inspire de la lettre que Missak Manouchian a écrit le 21 février à sa femme Mélinée pour rédiger un poème hommage aux Vingt-et-trois. Léo Ferré le met en musique et le chante. Manouchian a su inspirer ceux qu’il a croisés... Julien Lauprêtre, connu notamment pour avoir présidé le Secours populaire français, a côtoyé huit jours durant Missak Manouchian à la prison de la Santé. Il a été arrêté le 20/11/1943 pour faits de résistance, soit 4 jours après Missak Manouchian. Ce dernier lui aurait dit : "Moi je suis foutu, je vais être fusillé, mais toi il faut que tu fasses quelque chose d'utile et que tu rendes la société moins injuste." Ces paroles l'auront marqué durablement. Article rédigé par Solange Noyé


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